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mardi 30 septembre 2008

Christian Paul (PS) : "La société de surveillance se construit à nos portes"


Société 2.0 -

Après le vote au Parlement européen de l'amendement anti-riposte graduée déposé par son collègue socialiste Guy Bono, le témoin arrive dans les mains du député Christian Paul, qui relaye le combat au niveau national. Député de la Nièvre, Christian Paul s'est fait une réputation de mousquetaire contre la loi DADVSI. Il livre en exclusivité à Numerama son sentiment sur le projet de loi Création et Internet dans cette tribune que nous publions in extenso :





Le Parlement européen a jeté un utile pavé dans la mare, en affirmant qu' "aucune restriction à la liberté d'expression et d'information d'un citoyen ne doit être prise sans décision préalable de l’autorité judiciaire". C’est bien le moins dans un Etat de droit ! Confier à une police privée, puis à une autorité administrative (baptisée Hadopi) le contrôle des réseaux numériques pour préserver les intérêts des artistes est l’un des pires services à rendre au droit d’auteur. Les créateurs comme les producteurs seraient bien inspirés d’y regarder à deux fois. Par bonheur, une génération d’artistes se lève, qui n’acceptent pas de cautionner cette tentation liberticide, à l’encontre de leurs pratiques (on peut les retrouver sur le site internetmonamour ou la revue en ligne Poptronics).



Alors, Hadopi, Edvige, même combat ? Probablement. La mobilisation, allant crescendo depuis ce printemps, a fort justement pointé les dérives du projet Edvige, le fichage généralisé de la population âgée de 13 ans ou plus et incluant des données telles que le « comportement sexuel », la pratique religieuse ou encore l'état de santé. La dénonciation de cette nouvelle étape de taxinomie globale a suscité un large intérêt et trouvé des soutiens dépassant les clivages traditionnels, allant de l'extrême gauche à la droite républicaine.



Cousin de ce fichier par son inspiration, le projet de loi « Création et Internet » suscitera prochainement la même indignation. Il s'agit d'un projet à bien des égards aussi dangereux, par la mise en place d'une surveillance automatique des contenus échangés par les internautes. Après l'accroissement considérable du traçage des personnes, à l'aide de la biométrie et de la vidéo-surveillance, et le fichage de police mêlant indigestement terroristes potentiels et adolescents à la dérive, il ouvre en effet la boîte de Pandore de l'analyse des contenus que nous échangeons sur les réseaux. La société de surveillance se construit à nos portes, et maintenant grâce à nos connexions sur l’internet.



Demain, des agents, certes assermentés, pourront analyser nos échanges afin de déterminer quels films, quelles chansons, quelles œuvres nous avons téléchargés ou mis à disposition. Le repérage de « Bienvenue chez les ch'tis » n'apportera probablement pas de grand enseignement sur nos passions et nos inclinations, mais que penser de celui de contenus politiques, philosophiques ou proposés à tel ou tel public averti ? Si l'on n'y prend pas garde, c'est un pas décisif vers une analyse comportementale poussée, un « profilage » sans précédent et sans garanties.



Un des arguments clés des opposants à Edvige repose sur la disproportion du dispositif envisagé. Qu'en est-il du projet de loi « Création et Internet » ? Son but affiché est ni plus ni moins que de sauver la culture en mettant un grand coup de frein, sinon d'arrêt, aux échanges illégaux d'œuvres en ligne. Pourtant, chaque année qui passe à construire d’illusoires lignes Maginot prive les artistes de solutions équilibrées, mais aussi de rémunérations nouvelles…et substantielles. Ainsi Jean-François Copé a-t-il proposé qu’une nouvelle taxe sur les opérateurs de l’internet finance la télévision publique, alors que l’équité voudrait que la création musicale et audiovisuelle, qui nourrit les réseaux, en bénéficie largement.



Trois ans après la loi DADVSI jamais appliquée, qui fut la première bataille d’Hernani de l’internet, les tendances déjà visibles alors se sont confirmées et amplifiées. L’accès libre ou presque à la musique –la gratuité apparente- se généralise, sous la pression des internautes…mais aussi des industries culturelles elles-mêmes ! Regardons d'un peu plus près le cas de la musique qui invente dans la fièvre de sa crise les nouveaux modèles et les fait cohabiter.



Les internautes qui souhaitent copier les chansons sur d'autres appareils sont invités à utiliser le système d'Amazon, qui leur permet de les télécharger en MP3, sans avoir à supporter les aléas d'un dispositif technique de contrôle de l'usage, un de ces fameux « verrous techniques (DRM) » encensés il y a peu, désormais aux oubliettes. Les chansons écoutables en ligne sur MySpace sont téléchargeables moyennant finance sur Amazon dans le cadre d'un accord entre ces deux géants.



Publicité, abonnements, forfaits viennent compléter la vente « au morceau » qui n’a que peu décollé. Les catalogues sont– sur les réseaux P2P – en ligne depuis des années. Les offres d'accès gratuit se multiplient. Déjà, Universal pourtant grand pourfendeur de « pirates » a mis en «écoute gratuite » sur Jiwa l’essentiel de ses catalogues. Son PDG salue l’explosion du modèle gratuit, qui représente désormais plus de 10% des revenus de sa société, tandis que la vente de CD en constitue aujourd’hui moins de la moitié. Il devient donc cocasse, voire impossible d’expliquer à un adolescent qu’il peut écouter sans limites toute la musique du monde sur son PC, et qu’il vire délinquant s’il la partage avec d’autres grâce un réseau peer-to-peer.



L’offre la plus spectaculaire et emblématique parmi les dernières en date reste probablement celle de MySpace. Le premier réseau social du monde a en effet décidé de proposer gratuitement à l'écoute plusieurs centaines de milliers de chansons en flux depuis son site. Si le site de Ruppert Murdoch met en avant les millions d'artistes indépendants recourant à ses services, sa nouvelle offre de musique gratuite ne repose que sur un accord avec les « majors » du disque. Les indépendants sont donc laissés au bord de la route et les petits producteurs ne verront pas, pour l'essentiel, leurs artistes sur MySpace. Au fond, ce projet de loi rétrograde, disproportionné, et inutile n'a qu'une seule utilité réelle : permettre aux leaders mondiaux de la production et de la diffusion d'établir des positions dominantes dont sont exclus tous les autres acteurs, avant l'inéluctable légalisation des échanges non-commerciaux.



Les victimes de cette stratégie maladroite ou cynique, soutenue sans réserve depuis 2005 par l’actuel président de la République, seront les seuls acteurs incontournables de la culture : les artistes et le public. C'est bien la culture des « autres », de ceux qui ne rentrent pas dans le moule, et avec elle l'exception culturelle,  qui est visée.



En plus de leur culture, la vie des « autres » serait singulièrement compliquée par cette avant-première du profilage automatique des internautes. Le projet prévoit en effet ni plus ni moins que la suspension de l'accès internet des usagers récalcitrants. Le gouvernement menace les  « déviants » d'une perte d’identité numérique, une mort virtuelle...



Il est temps de rompre avec cette illusion sécuritaire, logique suicidaire qui ne profite qu'à certains intérêts très particuliers. La légalisation des échanges non-commerciaux des œuvres culturelles est inéluctable. C’est un fait de civilisation, un progrès à portée de main pour l’accès plus libre à la culture. Il revient aujourd'hui au Politique, en retard manifeste sur la société, de prendre ses responsabilités pour bâtir une régulation efficace et moderne, et pour rendre la révolution numérique profitable à tous, à commencer pour les artistes et leur public.



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Marielle de Sarnez (MoDem) : "les créateurs doivent être inventifs"


Société 2.0 -

Vice-présidente du Mouvement Démocrate (Modem) et bras droit de François Bayrou, la député européen Marielle de Sarnez a suivi de près le dossier du Paquet Télécom au Parlement Européen, et le vote de l'amendement rejetant la riposte graduée que souhaite mettre en place le gouvernement français. Elle répond aux questions de Numerama.





Que vous inspire l'adoption de l'amendement Bono-Cohn-Bendit par le Parlement Européen ?


J'étais cosignataire de cet amendement, car il était important une nouvelle fois de préciser que les sanctions éventuelles pesant sur les internautes ne doivent pas être prises par une autorité administrative (comme l'HADOPI prévu dans le projet de loi Création et internet). Suspendre un accès internet à quelqu'un peut avoir de lourdes conséquences et seule une décision judiciaire doit en être à l'origine.


Le gouvernement français et la Commission européenne souhaitent faire retirer cet amendement avant le renvoi du texte en seconde lecture. Est-ce conforme à l'esprit des institutions européennes ?


Le Paquet Télécom est soumis à la procédure de codécision, et dans ce cadre le Parlement Européen pèsera de tout son poids pour que son vote soit respecté. Les négociations ne font que commencer et la procédure législative ne permet pas à la Commission européenne de passer outre un vote du Parlement Européen.


L'UMP a indiqué par la voix de son porte-parole Frédéric Lefebvre qu'il souhaitait inscrire lui-même le projet de loi Création et Internet à l'ordre du jour du Parlement français si le gouvernement n'agissait pas dans ce sens dans les prochaines semaines. Quelle sera la position du Mouvement Démocrate sur ce texte ?


Je ne suis pas certaine que la précipitation soit la meilleure chose, car si le Gouvernement souhaite mettre en oeuvre toutes les mesures contenues dans ce texte il va se trouver face à une impossibilité technique majeure. Comment contrôler que l'internaute mis en cause n'ira pas se connecter à une borne Wi-Fi ou dans un cyber-café pour continuer ses activités ?


Le MODEM a toujours défendu la liberté des internautes et la liberté de création notamment les logiciels libre et continuera à la faire. Mais cette liberté évidemment doit s'exercer dans le respect des lois et dans le respect des auteurs et créateurs.


Le projet de loi tel que rédigé pour le moment n'est pas réaliste et comprend des mesures disproportionnées pour les internautes. Il est très probable que le gourvernenment devra revoir sa copie, faute de quoi nous nous opposerons à ce texte.


Que propose de son côté le MoDem pour concilier les intérêts des créateurs et des internautes ?


L'avancée des technologies a modifié les comportements et doit aussi nous forcer à modifier les outils de protection des oeuvres. Les créateurs doivent aussi être inventifs et promouvoir l'achat de l'oeuvre originale en donnant par exemple un accès privilégié à d'autres services (comme une video de l'artiste, un extrait du prochain album, des photos du tournage, etc.). Accès que vous ne pourrez pas avoir si vous téléchargez illégalement. Ou bien mettre en place des procédés techniques qui au bout de plusieurs copies de l'oeuvre altère la copie.


Les internautes et les créateurs ne doivent pas être considérés comme des ennemis, loin de là, car grâce aux internautes les oeuvres des créateurs dépassent les frontières et touchent un plublic très vaste. Tout abus et commerce illégal sans respect des droits d'auteurs doivent être sanctionnés comme cela a toujours été le cas, mais cela doit rester du domaine de la justice et non pas entrer dans le domaine de la décision administrative.


Propos recueillis par Guillaume Champeau



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Guy Bono exploite le filon Edvige pour contrer la riposte graduée





"Il ne faut pas mélanger les attentats et l'échange de fichiers sur Internet". L'eurodéputé Guy Bono qui a fait voter l'amendement anti-riposte graduée au Parlement Européen a trouvé son angle d'attaque contre la volonté du gouvernement français de s'obstiner dans son projet de loi Création et Internet, et il l'exploite jusqu'à frôler la paranoïa. Comme il l'avait déjà fait dans un communiqué la semaine dernière, Guy Bono a comparé lundi le fichier d'internautes de la Haute Autorité Hadopi au fichier Edvige sur lequel le gouvernement a dû faire marche arrière ce mois-ci.


"Je me demande si le gouvernement ne cherche pas, avec cette loi et l'autorité Hadopi, à généraliser la récolte d'informations et également le fichage des internautes", a indiqué le député européen lors d'un chat organisé par le journal Le Monde. "A partir du contrôle des réseaux qui sera opéré par l'autorité Hadopi, et les fournisseurs d'accès Internet, on aura forcément les profils des utilisateurs : leur âge, leur orientation sexuelle, leurs opinions, etc., qui pourront être opérés et fichés. J'ai tendance à penser à ce premier point car cela s'est déjà manifesté par le fichier Edvige, et on retrouve là le même procédé."


Guy Bono rappelle ainsi que "la Constitution protège les droits et libertés des citoyens, parmi lesquels figurent respect de la vie privée". Or, "la mise en œuvre du projet de loi Création et Internet, à mon sens, s'accompagnera nécessairement d'un filtrage, d'un flicage des réseaux, afin de détecter les utilisateurs qui échangent des œuvres sur Internet".


La licence globale plutôt que la riposte graduée, à défaut de mieux


Le député insiste, par ailleurs, sur l'absence de proportionnalité entre le but recherché et le fichier que veut créer le gouvernement pour mettre en oeuvre la riposte graduée. "Je suis évidemment favorable à ce qu'il y ait un contrôle des réseaux pour des crimes d'une importance particulière comme la pédophilie, la pornographie, le terrorisme, etc.", prévient Guy Bono. En revanche, "je trouve inadmissible que le même contrôle puisse être effectué pour préserver des intérêts économiques, qui plus est par des milices privées à la solde de rentiers qui exploitent le travail des vrais artistes".


Il ne s'agit pas cependant de s'opposer pour ne rien proposer. L'eurodéputé rappelle, "même si ça n'est pas la panacée", qu'il est favorable à un mécanisme proche de la licence globale, avec une taxation des FAI et une participation des consommateurs. "Entre la riposte graduée ou la licence globale, je suis plutôt favorable à cette dernière", note Guy Bono, pour qui la "loi Création et Internet ne résout pas le problème du téléchargement, car de toute façon, ce n'est pas par la répression qu'on arrivera à l'éradiquer".


Il soutient que "la mobilisation des internautes est quelque chose de très important sur ce dossier", d'autant que le gouvernement pourra jouir d'un délai de deux ans nécessaire à la transposition entre le texte européen et le droit national dans les états membres. Deux ans pendant lesquels la riposte graduée pourrait être mise en place si le gouvernement faisait le forcing sur le dossier. "C'est pour cela que nous essayons de faire faire marche arrière au gouvernement, et que la mobilisation est précieuse. On le voit puisque cette loi qui devait être adoptée au mois de juin a été repoussée à septembre. Et aujourd'hui, rien n'est encore fait en raison de la mobilisation des citoyens et des internautes."


La commissaire européen Viviane Reding qui a indiqué sa volonté de faire sauter l'amendement avant la deuxième lecture au Parlement est en tout cas prévenue : "Mme Reding n'est pas élue par le peuple, elle est nommée. Les députés européens lui demandent donc de tenir compte de l'avis des 573 parlementaires qui ont voté cet amendement. Si Mme Reding passe outre l'avis des parlementaires et qu'elle retire cet amendement, le texte fera l'objet d'une deuxième lecture en début d'année, et je peux lui dire d'ores et déjà que je redéposerai un amendement et que je demanderai aux parlementaires de le revoter."



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

La Norvège revient à la charge contre Apple et ses DRM





On croyait l'affaire enterrée, mais le médiateur chargé de la défense des consommateurs en Norvège est revenu à la charge cette semaine pour menacer Apple de lancer une procédure à son encontre s'il ne fait pas tous les efforts pour scinder le couple iPod + iTunes que la firme de Cupertino a imposé avec succès aux consommateurs depuis plusieurs années.


Au terme d'une longue procédure qui a animé les débats sur l'interopérabilité, le médiateur avait rendu une décision en janvier 2007 contre l'utilisation du système de protection FairPlay sur iTunes, qui n'est lisible que sur les iPod vendus par Apple. L'ombudsman norvégien avait jugé que le fait de ne pas ouvrir à la concurrence l'utilisation du DRM imposé sur iTunes était une manière d'abuser de sa position dominante et de s'assurer que personne d'autre que lui ne puisse vendre de la musique lisible sur le baladeur MP3 le plus populaire du monde. Inversement, le fait que l'iPod ne déchiffre que les DRM d'Apple et aucun autre système concurrent était interprété comme une volonté d'enfermer le possesseur de l'iPod avec la seule plateforme légale compatible, iTunes.


Depuis 2007, les choses ont toutefois bougé. Alors qu'Apple avait jusqu'en septembre 2007 pour se conformer à la décision du médiateur scandinave, la firme de Cupertino a annoncé dès avril 2007 qu'elle abandonnerait les DRM lorsqu'elle avait l'accord des maisons de diques. Mais seule EMI et des labels indépendants ont joué le jeu. Les autres majors ont toutes fini par abandonner elles aussi les DRM, mais uniquement sur des plateformes concurrentes comme Amazon ou Rhapsody.


Près de deux ans après la décision norvégienne, iTunes continue à proposer aux consommateurs les catalogues d'Universal Music Group, Sony BMG et Warner sous le seul format FairPlay, lisible uniquement par les appareils Apple.


Aussi, le médiateur a déterré la hache de guerre pour rappeler Apple à son bon souvenir. "Une grande partie de la musique de la boutique iTunes ne peut toujours pas être utilisée sur d'autres lecteurs que l'iPod", se lamente l'ombudsman dans un communiqué qui se veut menaçant. Il estime que la firme "a eu suffisamment de temps pour apporter des solutions satisfaisantes qui permettraient de rendre la musique du magasin iTunes disponible pour tous les lecteurs, mais cela ne s'est pas produit".


Le médiateur donne jusqu'au 3 novembre à la firme de Cupertino pour apporter ses explications, après quoi il saisira le Conseil du marché, chargé d'instruire les plaintes concernant les droits des consommateurs.


Apple tentera sans doute de rejeter la faute sur les trois majors qui refusent de l'autoriser à supprimer le DRM FairPlay de sa boutique en ligne.



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

lundi 29 septembre 2008

Le géant des supermarchés aux USA ferme ses serveurs de DRM





Comme le note justement Cory Doctorow sur BoingBoing, "seuls les gens qui payent pour avoir de la musique prennent le risque de la perdre". La chaîne de grands magasins Wal-Mart a annoncé à ses clients par e-mail qu'elle fermera ses serveurs de DRM le 9 octobre prochain, suite à l'abandon des systèmes de protection et à la décision prise en février 2008 de ne plus vendre que des fichiers MP3 sans DRM sur son service de musique en ligne. En conséquence, tous les fichiers musicaux achetés sur Wal-Mart avant le mois de février 2008 ne pourront plus recevoir l'autorisation d'être lus après le 9 octobre, et seront donc illisibles en cas de réinstallation du système ou de transfert vers un autre ordinateur ou baladeur MP3.


Comme MSN Music et Yahoo, qui ont pris des décisions similaires, le géant des supermarchés américains conseille donc à ses clients de contourner les DRM qu'il avait lui-même imposé, en gravant chacun des titres téléchargés sous forme de CD audio. Une précaution qui demande du temps et de l'argent.


En France, d'autres services de musique en ligne basés sur des DRM ont aussi fermés, à l'instar du service des magasins E. Leclerc, dont la continuité est pour le moment assurée par Nokia.


Mais ces épisodes nous rappellent qu'à tout moment, n'importe quel contenu acheté avec DRM peut ne plus être lisible si le serveur en charge de gérer ces DRM devient inaccessible, ou si la société qui a vendu le fichier décide de le fermer. Un scénario qui ne concerne pas uniquement les entreprises les plus fragiles (Wal-Mart a dégagé en 2006 11,3 milliards de dollars de bénéfice, pour un chiffre d'affaires de plus de 350 milliards), et pas uniquement la musique qui est la première à se débarasser enfin des DRM.


Les films achetés sur Internet ou sur les consoles de salon, les livres numériques pour eBook, les jeux-vidéo protégés à la manière de Spore,... tous les contenus protégés par DRM sont susceptibles, un jour, de ne plus pouvoir être ouverts. Par simple décision d'un conseil d'administration.



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

La Quadrature du Net demande à l'UMP F. Lefebvre de démissionner





Le collectif La Quadrature du Net invite ce lundi matin les députés de la majorité présidentielle à demander la démission du porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, suite au communiqué qu'il a publié après le vote la semaine dernière au Parlement européen d'un amendement anti-riposte graduée. Dans le texte qu'il avait signé au nom du parti majoritaire, Frédéric Lefebvre écrivait que "l'UMP dénonce cette démarche suicidaire pour l'exception culturelle française et demande au Gouvernement d'inscrire en urgence le texte "internet et création".


"La Quadrature du Net demande aux parlementaires de la majorité non soumis aux intérêts des lobbies de l'industrie culturelle d'intervenir auprès de leur parti et du gouvernement, pour qu'ils abandonnent leur projet liberticide mort-né, au lieu d'envisager de le passer en force comme le réclame Frédéric Lefebvre", écrit le collectif dans un communiqué. "Elle les invite également à demander la démission de ce porte-parole, dont la démagogie n'a d'égal que son art consommé de la désinformation".


Alors que le porte-parole de l'UMP avait dénoncé un "acharnement de la part du Parti Socialiste français contre les auteurs, compositeurs et plus généralement créateurs français", la Quadrature rappelle que l'amendement a été voté par 88 % des eurodéputés, "y compris donc par les libéraux de la ALDE et les conservateurs du PPE, parti auquel est rattaché l'UMP ".


Le collectif dénonce également la volonté du porte-parole et du gouvernement de vouloir faire passer ceux qui s'opposent à la riposte graduée pour des opposants à la rémunération de la création. "Cela relève tout simplement de la démagogie", dénonce le lobby citoyen qui s'est montré extrêmement actif à Bruxelles pour faire adopter l'amendement 138, "les opposants au projet de riposte graduée proposent tous des modèles économiques et/ou des mécanismes de financement mutualisé[3], qui permettraient une rémunération des créateurs à l'ère du numérique, sans porter atteinte aux droits fondamentaux des internautes".


"À l'inverse, le projet de Christine Albanel, que Frédéric Lefebvre soutient aveuglément ne rapportera aucun centime de plus aux artistes, tout en portant atteinte aux libertés publiques", dénoncent-ils.


Le collectif prévient, "la majorité UMP a le choix". "Soit prendre acte du décès de la riposte graduée, soit emboîter le pas à Frédéric Lefebvre, au risque de passer, comme lors de l'examen de la loi DADVSI, pour la droite autoritaire la plus bête du monde sur les enjeux du numérique".



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

vendredi 26 septembre 2008

L'HADOPI coûtera au contribuable 6,7 millions d'euros en 2009


Société 2.0 -

La part du budget 2009 consacrée aux industries culturelles augmentera l'an prochain de plus de 22 %, à environ 40 millions d'euros. En plus de crédits d'impôts pour l'industrie musicale qui seront encore augmentés cette année, le ministère de la Culture a prévu d'affecter 6,7 millions d'euros au fonctionnement de l'Hadopi, la Haute autorité chargée de mettre en oeuvre la riposte graduée. A condition que la loi Création et Internet ne soit pas enterrée.





Le ministère de la culture a communiqué ce vendredi son projet de budget pour l'année 2009, qui sera débattu à l'occasion de la traditionnelle loi de finances. On y découvre que le coût du fonctionnement de la très contestée future Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) est estimé pour 2009 à 6,7 millions d'euros, alors-même qu'elle ne devrait pas être en place et prête à fonctionner dès le 1er janvier.


Rappelons que l'Hadopi, qui agira sur saisine des ayants droit et d'après les relevés d'infractions qu'ils seront eux-mêmes en charge d'organiser et de financer, aura pour mission d'ordonner l'envoi de messages d'avertissement aux abonnés à Internet donc l'accès a été utilisé pour mettre en partage des oeuvres sur les réseaux P2P. Elle  pourra aller jusqu'à exiger la suspension de l'abonnement à Internet. Pour en savoir plus sur la loi et sa Haute Autorité, nous vous invitons à lire nos 10 raisons de rejeter l'Hadopi, qui montrent à quel point l'argent du contribuable, pourtant précieux en ces temps de crise budgétaire, va être gaspillé au service d'une loi d'ores-et-déjà inefficace, socialement injuste et juridiquement bancale.


L'Hadopi viendra remplacer et élargir les compétences de l'Autorité de Régulation des Mesures de Protection (ARMT), créée par Renaud Donnedieu de Vabres avec la loi DADVSI, et qui n'a rendu jusqu'à présent que deux décisions : l'élection du Président de l'ARMT, et la nomination de son secrétaire général.


Dans la présentation de son budget, le ministère assure que "la lutte contre le piratage des oeuvres culturelles sur Internet est la condition nécessaire du report des consommateurs vers l’offre légale de film et de musique, qui permettra de faire des réseaux numériques un circuit de distribution des biens et services culturels à la fois attractif pour le consommateur par la richesse et le prix des catalogues proposés, et juridiquement sûr pour les investisseurs".


Admettons. Pour que l'Hadopi ne creuse pas le déficit budgétaire de l'Etat, elle devra générer en retour au moins 6,7 millions d'euros de recettes fiscales chaque année par l'augmentation supposée des ventes sur les plateformes légales. Prenons le cas de la musique, qui est aujourd'hui le type d'oeuvre le plus piraté. Un MP3 vendu 0,99 euros sur Internet rapporte à l'Etat 16 centimes d'euros de TVA. Pour équilibrer le budget, il faudrait que les Français achètent environ 42 millions de titres par an en plus de ceux qu'ils achètent déjà. Et ce qui suppose aussi qu'ils n'aillent pas les acheter sur iTunes, où la TVA est reversée au Luxembourg. Au premier trimestre 2008, les ventes numériques ont rapporté à l'industrie moins de 7 millions d'euros HT, soit moins de 1,4 millions d'euros de TVA à 19,6 % (en incluant faussement les ventes sur iTunes). Il faudrait que l'Hadopi soit extrêmement performante pour qu'elle arrive à générer suffisamment de ventes pour espérer un retour sur investissement... d'autant que les industriels plaident l'instauration de la TVA à taux réduit.


Rappelons tout de même que l'Espagne, où la justice considère que le P2P est légal, où même les sites de liens P2P sont légaux, que l'industrie elle-même considère comme la championne européenne du piratage de fichiers musicaux... a été montrée en exemple ce mois-ci par le SNEP comme un marché où le disque s'est stabilisé cette année, contrairement à la France où le marché continue de s'écrouler malgré la répression et l'illégalité affirmée du P2P. Cherchez l'erreur.


Donnant la tonalité du discours que tiendra Christine Albanel devant les parlementaires, le ministère explique que l'Hadopi "participera à la lutte contre le piratage par un dispositif à la fois pédagogique et essentiellement préventif, allant de l’avertissement de l’internaute à une éventuelle sanction en cas de multiples réitérations". Avec le Parlement Européen qui considère que la suspension de l'abonnement à Internet est une mesure contraire aux droits fondamentaux qui nécessite l'intervention d'un juge de l'ordre judiciaire, le ministère met l'accent sur le caractère pédagogique de l'Hadopi. Il essayera, en tout cas, de le faire croire.



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

La RIAA perd 200.000 $ et une jurisprudence socialement absurde


Société 2.0 -

La première internaute jamais condamnée aux Etats-Unis pour avoir téléchargé et partagé des chansons sur un réseau P2P passera de nouveau devant le tribunal. Le procès à l'issu duquel un jury populaire l'a condamné à verser 222.000 dollars à la RIAA a été annulé par le juge qui avait présidé les débats. Il estime aujourd'hui que le droit d'auteur doit être révisé et qu'il est absurde de condamner de simples internautes comme s'il s'agissait d'entreprises qui réalisent des profits grâce au piratage.





Le ciel leur était tombé sur la tête. En octobre 2007, l'internaute Jammie Thomas avait été condamnée à verser la somme abracadabrantesque de 222.000 dollars de dommages et intérêts à la RIAA pour avoir partagé... 24 fichiers MP3 protégés par le droit d'auteur. Soit 9250 dollars par chanson partagée sur Kazaa. C'était la première fois qu'un P2Piste était jugé et condamné par un tribunal, ce qui devait faire du sort de la mère de trois enfants un exemple pour toute l'Amérique. La pauvre femme ne pensait certainement pas lorsqu'elle a téléchargé une poignée de chansons, comme le font des millions d'internautes dans le monde, en être un jour résolue à vendre des strings sur Internet pour rembourser sa dette.


Mais heureusement, en mai dernier, le juge Michael Davis (photo ci-dessous) qui avait présidé le procès a été pris de remors et a décidé de reprendre le dossier de zéro. Il a en effet constaté qu'un mois plus tôt, un collègue de l'Arizona avait renvoyé la RIAA dans ses ving-deux mètres en demandant au lobby du disque de prouver en quoi le simple fait d'avoir mis des chansons en partage sur Kazaa était constitutif d'une violation de droit d'auteur. Le simple fait de "mettre à disposition" une oeuvre n'est pas suffisant pour constituer une faute au regard du droit américain, il faut prouver qu'il y a eu effectivement téléchargement à partir du disque dur de l'accusé ! Ce qui change tout.


Ni une ni deux, le juge Davis a sauté sur l'occasion pour ouvrir une révision du procès. Le jury populaire, qui avait prononcé la sentence, n'était pas informé de cette subtilité juridique. Dans un mémoire de 44 pages (.pdf), il confirme donc que le jugement est entâché de nullité, et qu'un nouveau procès devra avoir lieu.


Mais il va plus loin. "Le tribunal serait négligent s'il ne se servait pas de cette opportunité pour implorer le Congrès de modifier la loi sur le droit d'auteur pour préciser les responsabilités et les dommages dans les affaires de réseaux peer-to-peer tel que celui-ci", plaide le mémoire. Le juge Davis s'insurge conte les montants auxquels peuvent être condamnés des internautes. "L'accusée est un individu, un consommateur. Ce n'est pas une entreprise", rappelle-t-il. "Elle n'a tiré aucun profit de ses actes".


"Les dommages et intérêts accordés contre Thomas ne sont pas dissuasifs contre ceux qui piratent de la musique dans le but d'en tirer profit", prévient le juge. "La conduite de Thomas était uniquement motivée par son désire d'obtenir de la musique protégée par le droit d'auteur pour son propre usage. Le tribunal ne soutient pas les actions de Thomas, mais ça serait une farce de dire que les actes d'une mère célibataire qui utilise Kazaa sont équivalents, par exemple, aux actes de multinationales financières qui violent illégalement les droits d'auteur dans le but d'obtenir un profit sur le marché des valeurs mobilières".


Taclant au passage le gouvernement américain qui avait jugé les sommes allouées totalement légitimes, Michael Davis affirme que "les dommages accordés dans cette affaire sont complètement disproportionnés par rapport aux dommages subis par les plaignants".


Il finit son imploration à une modification de la loi sur un constat : "Malheureusement, en utilisant Kazaa, Thomas a agi comme d'innombrables autres internautes. Ses actes présumés étaient illictes, mais communs".



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

jeudi 25 septembre 2008

Victoire judiciaire de The Pirate Bay en Italie


Peer-to-Peer -

The Pirate Bay a fait annuler avec succès la décision d'un procureur italien qui avait ordonné le mois dernier aux FAI, sous l'impulsion du lobby du disque, le blocage du site de liens BitTorrent. Les Italiens pourront de nouveau accéder au site sans utiliser de subterfuge.





C'était une décision incompréhensible, prise sans avoir permis à The Pirate Bay de se défendre. Au mois d'août dernier, un procureur italien a ordonné aux fournisseurs d'accès à Internet du pays de bloquer l'accès au site de liens BitTorrent suédois, sur la base d'un rapport de la branche italienne de l'IFPI, le lobby du disque. Il vient d'être annulé par le tribunal de Bergamo, qui a jugé le 25 septembre que l'ordonnance du 1er août 2008 était illicite, et qui ordonne donc le déblocage du site.


The Pirate Bay, qui a simplement communiqué sur le résultat de la procédure et s'est félicité du travail de ses avocats, donnera des détails sur les motifs dans les prochains jours.


Comme au Danemark où une décision similaire avait également été renversée, le blocage n'a pas été efficace, bien au contraire. Les médias et les internautes Italiens se sont mis à parler beaucoup plus de The Pirate Bay, et à chercher des moyens d'y accéder en détournant le blocage. Or les administrateurs du site avaient très très vite réagi en changeant d'abord l'adresse IP du site pour éviter le blocage par l'adresse IP citée dans l'ordonnance, et en créant ensuite l'adresse LaBaia.org (The Bay en italien) pour contourner les filtrages par URL. Dans les jours suivant la décision du blocage, la fréquentation de The Pirate Bay depuis l'Italie avait paradoxalement augmenté.


En réponse au blocage du site au Danemark qui avait été par la suite annulé, The Pirate Bay avait décidé de porter plainte contre l'IFPI pour demander réparation du préjudice subi par la perte de trafic engendrée par leur demande. Ils pourraient décider de faire de même en Italie.


La décision d'annulation peut aussi avoir des conséquences plus importantes de l'autre côté des Alpes, puisque le procureur qui a été contredit en appel est aussi celui qui a ordonné en juillet 2008 la fermeture du site de liens BitTorrent Columbo-BT.org, alors le plus populaire en Italie. Là encore, le procureur avait agi sur la base d'informations fournies par l'IFPI.


Le plus compliqué reste toutefois à venir pour The Pirate Bay, puisque le site devra affronter la justice suédoise dans les semaines à venir et défendre devant le tribunal son idée selon laquelle un site qui indexe des liens BitTorrent n'est pas responsable du contenu échangé grâce à ces liens, ou complice de leur distribution.





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Guy Bono répond à l'UMP : "Non à l'Edvige d'Internet"





A coups de communiqués successifs, droite et gauche se répondent depuis hier dans un échange d'amabilités qui fait suite au vote massif au Parlement européen d'un amendement socialiste crucifiant la riposte graduée sous sa forme prévue par le ministère de la Culture.


Alors que le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre dénonçait jeudi après-midi "l'acharnement de la part du Parti Socialiste français contre les auteurs, compositeurs et plus généralement créateurs français", le député Bono dépositaire de l'amendement a fait observer dans la soirée que son "amendement a été cosigné par des députés de tous bords y compris de droite et il a été adopté à une large majorité car il a été soutenu par l'ensemble des groupes politiques, à commencer par le Parti populaire européen !". Le PPE rassemble des partis conservateurs et chrétiens-démocrates, dont l'UMP.


Il rappelle, surtout, qu'il "privilégie une solution alternative qui assure simultanément la rémunération des artistes par un mécanisme de financement mutualisé et un accès au contenu en ligne pour le plus grand nombre", une solution qu'il qualifie de "gagnant/gagnant".


Tandis que Frédéric Lefebvre voit dans la riposte graduée une "procédure éducative souple et rapide qui permette de sensibiliser les internautes à l'acte grave que représente le piratage", Guy Bono décrit le projet de loi français comme un texte "techniquement irréalisable, contraire au droit communautaire, économiquement contre-productif et politiquement liberticide".


Aucun texte ne peut être adopté avant le 23 octobre


L'eurodéputé s'est dit étonné que "l'UMP soit prêt à sacrifier les libertés individuelles par des mécanismes de surveillance de l'internet". "Avec la mise en place de l'autorité HADOPI, le gouvernement nous propose un EDVIGE de l'internet !", s'est offusqué Guy Bono, qui touche une corde qu'il sait particulièrement sensible. En effet le Figaro a révélé récemment que la douche froide reçue par le gouvernement sur le fichier Edvige avait créé une sorte de psychose de tout ce qui touche au fichage dans la majorité, ce qui risquait de retarder le projet de loi de Christine Albanel.


Par ailleurs, le député européen a répondu à la menace soulevée par l'UMP, qui a fait part de son souhait d'inscrire d'urgence le projet de loi Création et Internet à l'agenda parlementaire. "Le porte parole de l'UMP devrait revoir ses fondamentaux", prévient Guy Bono. "Il demande une inscription anticipée du projet de loi Création et internet alors même que celui-ci est sur le bureau de la Commission européenne et que cette demande est irrecevable. En effet, afin de permettre à la Commission et aux autres États membres de réagir, les États membres doivent attendre trois mois, à partir de la notification, avant d'adopter tout projet de règles techniques. (Directive 98/34/CE). Or le projet de loi français a été reçu le 22 juillet par la Commission européenne !". En somme, rien ne pourra être étudié par le Parlement français avant le 22 octobre.



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Guy Bono s'étrangle à son tour et dénonce des propos "scandaleux"





L'affaire de l'amendement 138 prend une tournure politique qui devrait très rapidement dépasser le microcosme de l'industrie culturelle. Alors que l'UMP fait du vote européen de l'amendement anti-riposte graduée une question nationale de combat contre le Parti Socialiste, l'eurodéputé Guy Bono s'est dit ce jeudi "consterné" par les propos de la commissaire européen Viviane Reding (photo ci-contre), en charge de la société de l'information et des médias, qui a affirmé mercredi vouloir retirer l'amendement voté par le Parlement Européen.


Guy Bono juge que "cette position adoptée par un commissaire européen nommé et non élu est d'autant plus regrettable et scandaleuse qu'elle vise à faire échec à une position adoptée à très une large majorité (573 pour 74 contre) par une Assemblée démocratique, élue par les citoyens européens".


"C'est précisément ce genre d'attitude bureaucratique qui nuit à l'image de l'Europe. Les propos de Mme Reding ne font qu'empirer l'image de la commission européenne caractérisée par son déficit démocratique", condamne l'eurodéputé.


Avec le processus de codécision, la Commission Européenne a encore le pouvoir juridique de demander le retrait de l'amendement voté par le Parlement avant le renvoi du texte en seconde lecture. Mais en plus du pouvoir juridique, il lui faudra le pouvoir politique. La bataille engagée mercredi ne fait que commencer.



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L'UMP demande d'inscrire d'urgence la riposte graduée à l'ordre du jour





Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, qui a proposé il y a quelques jours de confier à Dominique Farrugia la présidence d'Assises de la Création (pour le remercier de son soutien à Nicolas Sarkozy ?), a publié un communiqué rageur pour s'étrangler du vote de l'amendement 138 au paquet télécom, lors de l'examen du texte mercredi au Parlement Européen.


"L'UMP dénonce cette démarche suicidaire pour l'exception culturelle française et demande au Gouvernement d'inscrire en urgence le texte "internet et création" à l'ordre du jour du parlement", indique le parti majoritaire à l'Assemblée Nationale. Mais il va encore plus loin dans la détermination de l'UMP à aller contre le message envoyé sans ambiguité par les députés européens à l'encontre du gouvernement français et de la riposte graduée. "Si le Gouvernement n'inscrivait pas ce texte dans les prochaines semaines, l'UMP souhaite que la réforme des institutions soit mise à profit pour l'inscrire dans le cadre de l'ordre du jour réservé au Parlement", prévient Frédéric Lefebvre, qui veut faire de la question de la riposte graduée le prétexte d'un combat politique frontal avec les Socialistes.


"Au Parlement européen Guy BONO et Catherine TRAUTMANN, députés européens PS ont fait voter un amendement qui vise à empêcher l'adoption du projet de loi Français issu du rapport OLIVENNES", note ainsi l'UMP, avant de s'interroger : " Pourquoi tant d'acharnement de la part du Parti Socialiste français contre les auteurs, compositeurs et plus généralement créateurs français ?"


Toutefois, peut-être sans même s'en apercevoir, le porte-parole de l'UMP contredit la ministre de la Culture Christine Albanel, qui affirmait hier sans trembler que le texte voté par l'Assemblée nationale ne changeait strictement rien à l'état du droit. "Le but (de l'amendent) est évidemment d'empêcher l'efficacité d'une procédure éducative souple et rapide qui permette de sensibiliser les internautes à l'acte grave que représente le piratage qui est une atteinte au droit de propriété et la négation du travail de l'artiste", indique le communiqué.


Il faudrait cependant que l'UMP admette, peut-être, que parmi les 573 voix (contre 74) qui se sont exprimées pour le texte, sur un total de 785 sièges que compte le Parlement Européen lorsqu'il est rempli, ne figuraient pas, loin s'en faut, que des eurodéputés socialistes. Le groupe socialiste au Parlement Européen ne compte en effet que 216 membres, c'est-à-dire moins de la moitié des suffrages exprimés contre la riposte graduée.


La France, qui préside l'Union Européenne, ne peut pas sans risque politique aller contre la volonté clairement exprimée par une très large majorité des députés représentant les citoyens européens. Elle tentera toutefois de le faire.



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Grosse journée!

Salut!

Au programme de la journée :
- plein de nouvelle en provenance directe et indirecte du Parlement Européen
- une refonte complète de la charte graphique du blog...(qui reste a améliorer quand même)

Bonne lecture!

Ps : nouveauté dans le lecteur de musique aussi! Merci Jamendo

Ps bis : et encore 2 articles de plus aujourd'hui!

Le SNEP aussi veut croire au maintien de la riposte graduée





Sans surprise, le Syndicat National de l'Edition Phonographique (SNEP) qui représente les majors du disque s'est fendu d'un communiqué pour contester la portée juridique de l'amendement voté mercredi par le Parlement Européen. Pour rappel, le texte voté dispose qu'aucune "restriction aux droits et libertés fondamentales des utilisateurs finaux ne doit être prise sans décision préalable de l'autorité judiciaire en application notamment de l'article 11 de la charte des droits fondamentaux, sauf en cas de menace à la sécurité publique où la décision judiciaire peut intervenir postérieurement".


Contrairement à la ministre de la Culture qui a nié en bloc le fait que l'amendement pouvait modifier quoi que ce soit à la mise en oeuvre de la riposte graduée prévue dans son projet de loi Création et Internet, le SNEP reconnaît d'abord que le Parlement européen a voté "un amendement destiné à garantir aux internautes l'intervention du juge en cas de mesure visant à restreindre leur accès à Internet". Le projet de loi, en l'état, ne prévoit de contrôle du juge qu'a posteriori, en cas d'appel ; la sanction étant prononcée non pas par le juge mais par une autorité administrative. Tel qu'il a été voté, l'amendement impose une intervention préalable de l'autorité judiciaire, ce qui sera sans doute le point d'achoppement des débats en seconde lecture.


Car comme Christine Albanel, le SNEP veut encore croire que "le texte voté n'a aucun caractère définitif". Comme nous l'anticipions mercredi, le gouvernement veut tenter de faire sauter l'amendement à l'occasion de son renvoi au Conseil de l'union européenne, obligatoire dans le processus de codécision. A cet égard, le SNEP rappelle que "la Commission Européenne qui, au travers de Mme Redding, s'est montrée favorable au système de réponse graduée proposée par le projet de loi 'Création et Internet', puis le Conseil auront le dernier mot". Juridiquement, c'est exact. Politiquement toutefois, de quelle légitimité pourrait arguer l'Union Européenne auprès des peuples européens si les organes exécutifs de l'Union font disparaître une disposition adoptée par les députés européens à une écrasante majorité proche de 85 % des voix ?


De plus, comme l'indique très justement le SNEP, "le texte en lui-même n'interdit pas un système de réponse graduée". Il en change simplement les règles, en protégeant les droits les plus élémentaires des citoyens, à commencer par le droit à un procès équitable.


Donc si le SNEP reconnaît que le texte voté mercredi n'empêche pas la poursuite du projet de loi Création et Internet, et si Christine Albanel maintient que l'amendement "se borne à rappeler un principe général qui n'apporte rien au droit existant", il n'y a aucune raison de s'agiter et de demander son retrait ou sa correction en deuxième lecture. Non ?



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Christine Albanel maintient la riposte graduée


Société 2.0 -

Rien ne lui fera abandonner le combat. C'était une promesse faite par Nicolas Sarkozy aux lobbys de l'industrie culturelle, et elle entend bien la défendre jusqu'au dernier souffle d'air qu'elle parviendra à trouver dans ce dossier. Confirmant nos craintes, la ministre de la Culture Christine Albanel a rejeté la portée de l'amendement anti-riposte graduée voté mercredi par le Parlement Européen. Elle garde le projet de loi Création et Internet à son agenda.





Non, rien de rien, non, je ne changerai rien. C'est payé, balayé, oublié. Je m'fous des députés.


Edith Piaf avait son Marcel Cerdan, Pascal Nègre a sa Christine Albanel. Telle la boxeuse sur son ring, la ministre de la culture encaisse les coups les uns après les autres mais se relève toujours, poussant son combat jusqu'au dernier round en se sachant constamment au bord du K.O. Contre toute attente, dans ce que l'on croyait être mercredi la dernière reprise, la puncheuse a encore trouvé l'énergie de tenir sa garde au bout d'un affrontement musclé, et a refusé de jeter l'éponge.


Au premier round, en avril 2008, l'ancienne patronne du Château de Versailles avait encaissé un premier crochet du gauche du Parlement européen, déjà, et elle s'était relevée, déjà. "Le Parlement européen n'a pas une bonne compréhension de ce que nous allons faire et nous allons le leur expliquer", déclarait la ministre à peine vacillante en revenant vers son crachoir.


Au second round, un mois plus tard, c'est le régulateur européen des télécoms qui décroche une droite. Bien positionnée sur ses jambes, Albanel esquive et retourne dans son coin nettoyer son protège-dents en attendant le gong.


Au troisième round, elle récidive l'exploit. Cette fois c'est la CNIL qui tente de passer sous les gants mais la ministre s'accroche bien à son adversaire et la renvoie dans ses cordes. Elle rappelle dans un rictus que la Commission qui protège la vie privée des Français n'a qu'un avis consultatif, et qu'elle n'est donc pas tenue de le suivre. Sautillante sur le ring, elle attend son prochain adversaire d'un regard déterminé.


Au quatrième round, c'est cette fois le Conseil d'Etat qui ose s'approcher de la ministre et lui adresser quelques coups dans les reins. Sans grande conviction. Christine Albanel encaisse les coups en armant la riposte.


Au cinquième round, c'est l'ISOC, une organisation internationale reconnue et respectée qui déclenche un crochet, aussitôt bloqué par la ministre. Dans le public, personne n'a rien vu. La serviette n'est même pas de sortie.


Elle se relève au bout de l'effort


Jusque là, la championne a enchaîné les reprises avec force, sûre de tenir la victoire aux points. A l'entame de la sixième reprise, elle rassure son coach. "Il y a un agenda parlementaire très chargé. C'est une bataille. Mais je sens beaucoup de volonté politique" pour faire étudier le projet de loi en novembre au Sénat, promet la ministre avant d'entrer une nouvelle fois sur le ring.


Le sixième round lui est pourtant presque fatal. Le Parlement Européen revient le mercredi 24 septembre dans l'arène avec l'envie d'en découdre, et se précipite sur son adversaire pour lui asséner un violent uppercut sous le menton. Le public retient son souffle. Pour la première fois la ministre s'effondre sur le tapis. On croit au K.O. La force du coup laisse les commentateurs ébahis (573 voix pour, 74 contre ; près de 85 % des voix). L'arbitre décide de compter. Dix. Neuf. Huit. Sept... arrivera-t-elle à se relever ? Six... Cinq... Quatre... Albanel commence doucement à se réveiller. Elle soulève une paupière, puis l'autre. Trois. Les observateurs s'interrogent. Pourrait-elle encore une fois remonter sur le ring et renvoyer des coups ? On imagine l'impossible. Deux. La ministre se met sur ses genoux, elle vacille encore. Un. Cette fois, elle est debout.


Reprise. Le vote du Parlement européen "ne s'oppose pas" au maintient de la loi Création et Internet et à la mise en place de la riposte graduée, proclame dans la soirée la ministre en recrachant une dent, puis deux. Comme dans le scénario de science-fiction que nous avions imaginé, Christine Albanel fait "observer que le débat qui s'est déroulé intervient en première lecture". "Aucun des Etats membres qui composent le Conseil de l'Union, pas plus que la Commission, n'ont manifesté leur volonté de soutenir un amendement de cette nature", rappelle la ministre, qui mise donc sur un retoquage de l'amendement par le Conseil, avant un renvoi au Parlement en deuxième lecture.


La ministre affirme que le texte adopté mercredi par le Parlement Européen "se borne à rappeler un principe général qui n'apporte rien au droit existant", ce qui doit conduire à "rejeter catégoriquement l'interprétation donnée par le député socialiste européen Guy Bono et par les lobbyistes qui s'opposent à la défense des droits des créateurs". Plus tôt, le député Bono avait proclamé la mort de la riposte graduée qui devait conduire à suspendre ou résilier l'abonnement à Internet de certains P2Pistes présumés sur simple condamnation administrative.


Le texte de l'amendement voté par les eurodéputés dispose que "aucune restriction aux droits et libertés fondamentales des utilisateurs finaux ne doit être prise sans décision préalable de l’autorité judiciaire". Poings serrés, Christine Albanel refuse de reconnaître que parmi les droits et libertés fondamentales des utilisateurs finaux d'Internet figure le droit... d'accéder à Internet. Elle veut s'en remettre pour interprétation à la Cour européenne de justice, qui ne se prononcera qu'en cas de litige, et donc en cas de mise en oeuvre de la riposte graduée.


La ministre s'est bien relevée, mais elle a définitivement perdu toute sa lucidité.


Il y aura une huitième reprise.



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Riposte graduée : Albanel pourrait tenter le passage en force





Autant le dire d'emblée, c'est un scénario qui devrait rester purement théorique. L'ampleur de la gifle prise par le gouvernement français au Parlement européen, avec l'adoption par 573 voix contre 74 de l'amendement rejetant la riposte graduée, devrait logiquement ruiner sur le plan politique les espoirs de Christine Albanel de faire adopter la loi Création et Internet (anciennement Hadopi) au Parlement français. Mais pas encore sur le plan juridique.


Le processus de codécision de l'Union européenne prévoit en effet qu'après sa première lecture ce mercredi au Parlement européen, le texte devra retourner au Conseil avant une deuxième et dernière lecture par les députés. Théoriquement, l'amendement 138 voté ce jour pourrait donc ne pas figurer au texte définitif qui ne sera adopté, dans le meilleur des scénarios, qu'au premier trimestre 2009.


Politiquement, il serait invraisemblable pour le Conseil de faire sauter une disposition adoptée par le Parlement avec une majorité aussi écrasante. Mais tant que le texte n'est pas adopté, rien n'est encore définitif et donc rien ne s'impose aux pays membres.


Christine Albanel pourrait donc jouer la montre et feindre d'ignorer le vote européen en misant sur une révision du texte par le Conseil et une adoption provisoire de loi Création et Internet en France, qui pourrait être mise en application pendant la période qui précède l'entrée en vigueur du paquet télécom. La France, qui préside l'Union Européenne, a en effet l'intention de négocier avec ses partenaires un accord politique pour fixer la mise en oeuvre du nouveau cadre juridique du paquet télécom au 1er janvier 2010.


Par ailleurs, le texte de l'amendement 138 voté par le Parlement européen n'élimine pas tout à fait toute possibilité de riposte graduée. Il impose simplement aux Etats membres de passer par l'ordre judiciaire pour obtenir la suspension de l'abonnement à Internet, en excluant la voie administrative qui était adoptée avec la création de la Haute Autorité chargée de prononcer les sanctions. Les mesures non privatives de libertés telles que l'envoi de messages d'avertissement aux abonnés à Internet, déjà pratiqué en Grande-Bretagne, pourraient rester dans un texte de loi revu à minima. Le gouvernement pourrait aussi maintenir le principe de la riposte graduée, en privilégiant cette fois la voie pénale. Mais le but poursuivi, qui consistait à contourner l'engorgement des tribunaux pour prévenir et sanctionner des milliers d'internautes par jour, serait alors oublié, et l'efficacité de la loi serait lourdement plombée. Surtout, l'utilisation de la voie pénale obligerait à un respect beaucoup plus rigoureux des droits de la défense, ce qui est techniquement impossible.


Contacté par Numerama pour connaître ses intentions, le ministère de la Culture n'a pas encore retourné notre appel.



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L'Europe signe "l'arrêt de mort de la riposte graduée





Comme nous vous l'annoncions dès ce midi, la riposte graduée a bien été torpillée par le Parlement européen ce mercredi 24 septembre avec l'adoption de l'amendement 138 au paquet télécom. Dans un communiqué, l'eurodéputé français Guy Bono se félicite ainsi que le Parlement Européen ait voté l'amendement qu'il a co-signé avec Daniel Cohn-Bendit, "qui signe l'arrêt de la riposte graduée".


  "L'amendement qui a été approuvé à une très large majorité (573 pour, 74 contre), précise que les autorités de régulation nationale veillent à ce qu'aucune restriction à la liberté d'expression et d'information d'un citoyen ne soit prise sans décision préalable de l'autorité judiciaire", explique le député européen socialiste.


"Cet amendement constitue une garantie afin que les dispositions du paquet télécom ne conduisent pas au transfert de missions de l'autorité judiciaire à des autorités administratives lors de la transposition par certains États membres malveillant dont la France, tout en prévoyant les exceptions nécessaires à la sécurité publique."


Dans les faits, il va obliger le gouvernement à abandonner le projet de loi Création et Internet ou à considérablement le remodeler, ce qui n'est pas la moins bonne nouvelle possible pour Christine Albanel, qui semblait déjà mise au pied du mur. "La meilleure chose qui pourrait arriver à Christine Albanel pour en sortir par la grande porte serait donc que soit voté mercredi au Parlement Européen l'amendement au Paquet Télécom qui doit interdire purement et simplement toute riposte graduée dans les pays membres de l'Union Européenne", écrivons-nous lundi. C'est fait.


"Aujourd'hui l'Europe apparaît comme le dernier rempart contre les velléités liberticides de certains Etats membres", s'enthousiasme Guy Bono, pour qui c'est aussi une victoire pour l'image que portent les citoyens sur l'Europe. "On ne joue pas comme ça avec les libertés individuelles. Le gouvernement français doit revoir sa copie!"


Précisons toutefois que le texte n'est pas encore définitif, puisqu'il sera renvoyé au Conseil avant une seconde lecture au Parlement, au plus tôt au premier trimestre 2009. Toutefois avec une telle majorité écrasante, il faudrait un tsunami pour que l'amendement soit supprimé du texte final.


Crédit photo : la Quadrature du Net



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L'amendement 138 est adopté!


Il faudra analyser à tête reposée et avec le texte sous les yeux. L'amendement 138 au paquet télécom dont nous vous parlions ce matin a été adopté peu avant midi par le Parlement Européen à une large majorité (573 pour, 74 contre), mais sous une forme modifiée au dernier moment par un amendement oral dont Numerama n'a pu, malheureusement, avoir connaissance au moment où nous publions ces lignes. Nous ignorons donc dans quelle mesure il ampute, ou non, le projet de riposte graduée du gouvernement français.


Il semble toutefois que les modifications apportées à l'amendement soient essentiellement rédactionnelles et ne modifient pas le fond du texte, ce qui dans les faits devrait condamner la loi Création et Internet qui doit instaurer la riposte graduée.


Nous y reviendrons dès que possible avec plus de précisions.


Mise à jour : le texte définitf de l'amendement voté est le suivant :


"h) en vertu du principe selon lequel aucune restriction aux droits et libertés fondamentales des utilisateurs finaux ne doit être prise sans décision préalable de l'autorité judiciaire en application notamment de l'article 11 de la charte des droits fondamentaux, sauf en cas de menace à la sécurité publique où la décision judiciaire peut intervenir postérieurement"



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Journée décisive pour la riposte graduée au Parlement Européen et màj


Peer-to-Peer -

C'est aujourd'hui mercredi 24 septembre que le Parlement Européen doit voter en séance plénière pour le paquet télécom, qui doit fixer le cadre des prochaines règlementations relatives aux télécommunications en Europe. Un amendement porté notamment par Guy Bono et Daniel Cohn-Bendit pourrait abattre toute tentative française d'imposer la riposte graduée.





Mise à jour 11h58 : l'amendement 138 a été adopté sous une forme légèrement modifiée peu avant midi. Il faudra analyser les conséquences exactes du texte adopté en définitif, mais il  semble bel et bien condamner la possibilité d'imposer la riposte graduée dans la prochaine loi Création et Internet.

Mise à jour 13h30 : Le député Guy Bono co-signataire de l'amendement s'est félicité de la mise à mort de la riposte graduée.


Les eurodéputés se prononcent ce mercredi en session plénière du Parlement Européen sur le paquet télécom, qui a pour objectif avoué de "faciliter la concurrence et de renforcer les droits des consommateurs" dans le secteur des télécommunications. Le paquet comprend quatre rapports dont le contenu fixera les contours de la législation européenne : un rapport sur la directive sur le droit d’initiative, qui traite des droits des utilisateurs de télécommunications, de leurs données personnelles et vie privée ; un rapport sur les communications électroniques, qui aborde  la nouvelle génération de réseaux de télécommunications ; un rapport sur la création d’un organe des régulateurs européens des télécommunications ; et un rapport sur la révision de la Directive sur les téléphones portables.


Le rapport sur les communications électroniques dirigé par l'ancienne ministre de la Culture socialiste Catherine Trautmann fait l'objet de toutes les attentions de la part des internautes. Il a en effet le pouvoir de couper les pattes de la riposte graduée, ou au contraire de lui donner une légimité selon la teneur des débats et le résultat du vote qui sanctionnera en particulier l'amendement 138 déposé par les eurodéputés Guy Bono, Daniel Cohn-Bendit (photo ci-dessous), et Zazana Roithová.


L'amendement, noyé sous plus de 800 demandes de corrections du paquet télécom, dispose en effet que doit être respecté "le principe selon lequel aucune restriction ne peut être imposée aux droits et libertés des utilisateurs finaux, notamment dans le respect de l'article 11 de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne concernant la liberté d'expression et d'information, sans arrêt préalable des autorités judiciaires, sauf lorsque cette restriction est dictée par une force majeure ou par les exigences de la préservation de l'intégrité et de la sécurité des réseaux, et soumise à des dispositions nationales de droit pénal imposées pour des raisons d'ordre public, de sécurité publique ou de moralité publique".


En plus clair, cet amendement ferait interdiction aux états membres de priver les internautes de leur liberté d'accès à Internet, donc de couper leur abonnement, sans un ordre émis par l'autorité judiciaire. Or le projet français porté par le projet de loi Création et Internet vise à créer une autorité administrative qui, extérieure à l'ordre judiciaire, ne pourrait fonctionner sans être illicite au regard du droit européen. L'amendement 138 sanctuarise la place prédominante de la police et de la justice dans la mise en oeuvre du respect des lois sur Internet.


Ce principe du pouvoir exclusif de l'autorité judiciaire est contesté par l'industrie culturelle, qui dans une lettre adressée le mois dernier au Parlement européen prétend qu'une "telle suggestion, loin d’être idéale pour tous, ne prend pas en compte les ressources limitées des forces de l’ordre et les priorités de la justice criminelle". "Souhaitons-nous réellement que le recours aux forces de police constitue la seule issue pour résoudre les conflits et différends sur Internet ?", demandaient les ayants droit.


Ils auront une réponse dans la journée.


Par ailleurs, l'amendement 138 renforce le principe de la neutralité du net, en disposant que "les utilisateurs finaux doivent pouvoir accéder à tout contenu et en diffuser, et utiliser toute application et/ou service de leur choix, sous réserve de dispositions nationales de droit pénal imposées pour des raisons d'ordre public, de sécurité publique ou de moralité publique."


Les députés européens se sont déjà prononcés contre la riposte graduée en avril 2008, mais par le vote d'une résolution politique qui n'a pas de force juridique dans l'ordre normatif européen. La ministre Christine Albanel avait d'ailleurs immédiatement balayé l'importe du texte. Le vote d'un amendement au paquet télécom aurait, cette fois-ci, un caractère contraignant pour l'ensemble des états membres.



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Viva España !?

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Ca c'est pas bien ça Mediadefender...

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La Loi création et Internet victime du fichier Edvige?


Société 2.0 -

Selon un confidentiel du Figaro paru discrètement la semaine dernière, la débâcle gouvernementale autour du fichier Edvige aurait fait sa première victime collatérale : la loi Hadopi, rebaptisée loi Création et Internet.





A l'occasion d'un colloque sur les contenus créatifs en ligne, la ministre de la Culture Christine Albanel a assuré son auditoire qu'elle avait "bon espoir" que le projet de loi soit examiné par le Sénat en novembre. "Il y a un agenda parlementaire très chargé. C'est une bataille. Mais je sens beaucoup de volonté politique" autour du texte, s'est expliquée la ministre.


Mais "le calendrier parlementaire encombré n'explique pas tout", réplique le Figaro dans une confidence datée du 17 septembre. "Le gouvernement n'a toujours pas arrêté une date pour examiner le projet de loi antipiratage qui doit transposer les accords de l'Élysée signés sous l'égide de Denis Olivennes", rappelle le journal, qui avance une autre explication. "En fait, il craint de donner une nouvelle tribune à ceux qui se sont opposés au fichier Edvige. Certains parlementaires pourraient faire l'amalgame entre ce fichier et ceux destinés à mener le combat contre les internautes qui téléchargent illégalement des œuvres".


Le texte du projet de loi Création et Internet prévoit en effet la création d'un fichier national d'infractions administré par la Haute Autorité de Diffusion des Oeuvres et de Protection des droits sur Internet (Hadopi). Ce fichier recevra l'inscription de l'identité de chacun des abonnés à Internet dont l'accès a été utilisé pour mettre frauduleusement des oeuvres à disposition sur les réseaux P2P. Conçu sur le modèle du fichage bancaire, il devra être consulté par les fournisseurs d'accès à Internet avant chaque ouverture de compte, pour s'assurer que l'abonné ne fait l'objet d'aucune interdiction.


Outre l'amalgame possible avec le fichier Edvige, qui pourrait créer une psychose de tout fichage dans les mois à venir, le contexte politique est également défavorable à la loi Création et Internet.


Nicolas Sarkozy cherche désespéremment à remonter dans les sondages de popularité, et le vote d'une loi contestée aux effets plus qu'aléatoires ne devrait pas l'y aider. D'autant que la loi creusera encore la dette publique par ses coûts de fonctionnement pharamineux (au bas mot 31 millions d'euros par an d'après nos calculs), au bénéfice non pas des artistes, mais des industriels déjà accusés de copinage avec le Président de la République.


De plus, la vague rose de dimanche aux élections sénatoriales pourrait aussi convaincre le gouvernement de jouer la prudence à la chambre haute du Parlement, qui sera certes toujours à dominante UMP mais moins docile que lors des débats sur la loi DADVSI.


Par ailleurs, la manière très douteuse avec laquelle ont été négociés les accords Olivennes sera à n'en pas douter soulevée sur les bancs de l'Assemblée Nationale, avec le double risque de fragiliser la légitimité du projet de loi et de mettre à jour une tromperie organisée jusqu'à l'Elysée, sur fond de chantage à la quatrième licence 3G. De quoi donner l'envie à quelques députés pointilleux d'exiger une enquête parlementaire. Après les lobbyistes de Virgin habillés d'un badge officiel du ministre de la Culture pour distribuer des bons d'achat aux députés, ça ferait encore mauvais genre.


Enfin, le risque d'inconstitutionnalité de la loi est fort, en l'absence notamment de garantie effective des droits de la défense. Sachant qu'en plus la France est présidente de l'Union Européenne et que le Parlement Européen a jugé dans une résolution non contraignante que les fondements de la loi Création et Internet étaient contraires aux droits de l'Homme... Il faudrait une folle obstination politique pour s'engager dans un tel bourbier.


La meilleure chose qui pourrait arriver à Christine Albanel pour en sortir par la grande porte serait donc que soit voté mercredi au Parlement Européen l'amendement au Paquet Télécom qui doit interdire purement et simplement toute riposte graduée dans les pays membres de l'Union Européenne. Elle trouverait alors le bouc émissaire parfait. Bruxelles en a l'habitude.



Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com